L'ombre de Paris
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L'ombre de Paris

Ajoutez deux lettres à Paris : c'est le paradis. Nous sommes au paradis de l’enfer - Interdit aux mineurs -
 
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 Vittorio d'Adoni

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Vittorio d'Adoni
Vampire Protecteur
Vittorio d'Adoni


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MessageSujet: Vittorio d'Adoni   Vittorio d'Adoni EmptySam 21 Fév - 20:20

Nom : d'Adoni

Prénom : Vittorio

Clan : Vampire protecteur

Age réel et physique :
Il aurait apparemment été mordu en 1635, année où sa femme a déclaré sa disparition selon ses récentes recherches, il aurait donc été mordu à l'âge de 36 ans et aurait 448 ans

Physique :
Grand, finement musclé et large d'épaules, Vittorio bénéficie d'une stature imposante, tout en conservant une allure altière et aérienne. Son visage autoritaire et son corps athlétique lui confèrent une apparence virile. Ses sourcils sont naturellement froncés, ses yeux bleus scrutateurs et ses lèvres fines et pincées. Mais la dureté de son visage disparaît dès lors qu'il est fendu par un sourire sincère et doux, il apparaît alors comme quelqu'un d'infiniment bienveillant. Le plus souvent et lorsqu'il ne se sent pas menacé, ses gestes et ses expressions sont emprunts de douceur. Il se déplace avec agilité, se tourne toujours vers son interlocuteur de façon à ce qu'il se sente privilégié et écouté.

Caractère :
Vittorio, après les âges, est devenu un esprit réfléchi et alerte. Il a appri à comprendre l'être humain et son fonctionnement, mais n'oserait dire qu'il sait tout. Bien au contraire, il est modeste et estime que l'apprentissage du monde est illimité. Parce qu'aucun être humain n'est parfaitement semblable à un autre, parce que chaque siècle a ses découvertes compliquées et intéressantes à comprendre, autant dans ses conceptions manuelles que dans ses avancées culturelles et politiques et parce que le monde est trop vaste pour en connaître chaque parcelle, même en quatre siècles de vie. Ainsi Vittorio ne connait pas l'ennui, ni ne trouve que son état de vampire est déplorable. Il sait vivre sans accabler son âme de délits irréversibles. Vittorio ne tue pas. Il sévit seulement lorsqu'il lui semble bon d'agir, et cela concerne surtout les siens. Mais son passé historique l'oblige à avoir en tout dernier recours au meurtre. Vittorio est passionné et aimant de chaque chose mais privilégie la discrétion. Il n'a pas peur de parler aux hommes, mais s'éclipse bien vite si ceux-ci parvenaient à découvrir quelque chose d'anormal en l'observant de plus près. Il préfère la passivité. Ainsi, Vittorio ne veut pas se battre contre la Veuve Noire. Il ne considère pas être de ces vampires protecteurs qui se révoltent et s'insurgent jusqu'à risquer leur vie après des mortels. Mais il en est évidemment plus proche. Il recevrait chez lui sans mal des vampires destructeurs si ceux ci se montraient dignes de son respect, et à l'encontre, il sauverait sans réfléchir un humain qui souffrirait entre les mains d'un immortel sauvage. Vittorio a horreur de la souffrance. Il la ressent trop. Elle le rend fou. Elle le rend violent. Vittorio connait la souffrance et la violence et tente chaque jours de les maitriser au mieux. En vérité elles l'assaillent, plus encore en ce siècle où l'agressivité de ses pairs est plus forte que jamais, et la souffrance des humains cruelle.

Si jamais un humain apprendrait de lui et aurait l'opportunité de l'approcher régulièrement, Vittorio se montrerait sans doute trop protecteur. La faiblesse humaine est presque phobique lorsqu'il la touche de plus près. La peur que la mort ne saisisse ses aimés l'étreindrait sans cesse et le torturerait.


Biographie :

Italie, XVIème siècle « Le Cinquecento »

Belle Italie, ses rues, son architecture, ses artistes, ses esprits, si cultivés, si sensibles à l'antiquité et à ses philosophes intelligents. Léonard de Vinci, Michael Ange, Raphaël et Galilée. Partout, l'Italie semble imploser de savoir et de revendication artistique. Mais si l'Italie est en plein échauffement cérébral, elle est morcelée politiquement : divisée en Duché, en Cités et en États, et militairement : les guerres d'Italie débutent en 1494. Elles sont au nombre de onze. Pendant soixante ans, les monarques Français et Espagnols vont tenter diverses conquêtes, soldées par de nombreuses morts civiles, aussi injustes que sanguinaires selon des prétextes rébarbatifs et sans valeurs tels que : « droit de passage pour rejoindre d'autres pays », « droits d'occupation »... Des « droits » bien permissifs. Il était évident que ça n'était qu'une question de pouvoir. Quarante ans après, ces guerres laissaient l'Italie dans une politique défaillante et désunie. C'est dans ce climat déchiré que naquit Vittorio Adonasti, en 1599 à Florence. Fils d'un artisan ébéniste-menuisier et de sa femme Luisa, aimante et docile. Le fils prodigue, attendu impatiemment après les six filles Adonasti était destiné à reprendre le commerce paternel. Il grandit bien et confortablement. Il avait le droit à la plus grande part de nourriture à chaque repas, et ses sœurs serviables étaient prêtes à obtempérer au moindre caprice, bien qu'il n'en formula que très rarement, n'étant pas feignant à la besogne. Deux jeunes sœurs moururent au court de son adolescence, l'une de maladie, l'autre deux années plus tard, renversée par une voiture.Ces évènements aggravèrent l'espoir de pérennité de la famille qui pesait sur les épaules du jeune garçon.

Vittorio, lui, apprivoisait le bois auprès de son père, apprenait à reconnaître les spécificités et les qualités des variétés. Il travaillait avec le chêne, le charme, le hêtre, le frêne, l'érable, l'acacia, le châtaignier, parfois même certains arbres fruitiers et tout dernièrement -cela était une nouvelle mode d'Italie- l'ébène qui faisait fureur chez les grandes gens, très fin et très lourd. Il coupait, domptait, passait ses mains calmement, tâtait du doigt attentivement, puis il ponçait, perçait, gravait, et sculptait même parfois lorsqu'il s'agissait de construire de beaux meubles et de compliqués ornements. Il fabriquait aussi des encadrements de portes, des fenêtres, et de petites charpentes. Il estimait sa chance fort belle et son matériau noble, et il éprouvait un plaisir certain à sa manipulation et à son toucher. Il faisait la fierté de son père.

En 1610, il avait treize ans. Florence ces dernières années était devenue le Grand Duché de Toscane. Rien n'y changea au commerce de la petite menuiserie familiale, ni à la dominance de la famille des Médicis sur la ville. Ce fut pourtant pour lui une année désastreuse. Son père, déjà d'un âge bien avancé, fut gravement blessé par un coup de couteau -il s'agissait visiblement d'un conflit entre deux hommes, l'un mari, l'autre amant qui s'étaient disputés près d'une auberge et Adonasti avait voulu calmer les ires de chacun-. Il mourut en paix, certain que son fils allait pouvoir marcher fidèlement dans ses pas. Malgré son jeune âge, sa mère et lui lutèrent avec feu et passion pour conserver leur commerce. La grande Charpenterie du coin de la rue aurait bien voulu se servir de l'atelier Adonasti comme entrepôt, mais Luisa tint bon, et le fils, à quatorze ans, s'occupait des commandes comme s'il avait toujours été seul dans l'atelier.

La vie allait bon train. Il se passionnait personnellement pour la musique et s'offrit le loisir de suivre une formation auprès d'un musicien pour apprendre à fabriquer violons, pianos et flutes de bois. Une fois, il entreprit un long voyage en bateau jusqu'en terre d'Afrique afin d'acheter une importante cargaison de bois noir, autrement dit d'ébène. Un mystérieux et récent acquéreur d'une villa décrépite avait sollicité les travaux de Vittorio pour rénover sa maison. Il se faisait appeler Thorn Marianelli et l'offre qu'il proposait était plus que recevable et la perspective d'une telle rentrée d'argent ravit Vittorio, qui se précipita de partir au port pour louer une caravelle. Deux jours plus tard il partait, et ne devait revenir que six mois après en terre d'Italie. Son mystérieux demandeur l'avait attendu, et grâce à une avancée d'argent, Vittorio put payer dix assistants, à disposition sous ses instructions pour l'aider dans ses manœuvres. Les travaux avançaient selon ses plans, et Vittorio, n'ayant reçu que peu de nouvelles du Sieur Marianelli avait prit la décision d'aller rencontrer son client privilégié, pour la première fois. Son travail prenait une telle importance qu'il n'acceptait plus d'autres commandes. Cependant, il eut beau se présenter au pas de la porte chaque jour, jamais Thorn Marianelli ne se présenta à lui. Alors que ses travaux aboutissaient et s'entassaient dans l'atelier, Vittorio vint à se demander si le pauvre n'avait pas péri d'une affreuse manière et que seul dans cette grande ville, personne ne l'avait alerté de sa mort. Une affreuse angoisse l'envahit selon laquelle il avait travaillé pour rien et qu'il ne gagnerait jamais son dû. Mais le soir même, on lui fit parvenir une missive, indiquant que les travaux devaient commencer dès le lendemain. Le ton impératif de la lettre ne lui plut guère. Mais il obtempéra, car avec elle, une bourse lourde de pièces avait été livrée.

Chaque soir, une lettre lui parvenait, le félicitant, l'encourageant de quelques pièces, mais jamais Vittorio ne vit son client. La villa fut fin terminée. Après une observation générale de son œuvre, l'artiste en fut effrayé. Elle était organique, étrange dans toutes ses minuties, ses gravures et ses détails infimes. Des poutres aux portes, des poignées aux rambardes d'escaliers, le bois noir était terrifiant sous les courbes élancées, et malgré la lumière qui provenait des fenêtres, elle était... démoniaque, parvint-il à conclure. Il fut terrifié à l'idée de recevoir la dernière lettre qui, comme d'habitude pourtant, fut couverte d'éloges plantureux et d'une ultime bourse bien remplie.

Trois commandes de ce même type suivirent celle-ci. Toutes en Italie, et Vittorio se créa une étrange réputation au sein de la ville, puis finalement au sein du Duché. Ses solliciteurs désiraient toujours les mêmes étrangetés qui lui étaient propres, et il vivait ainsi une vie plus que confortable. Il se maria plus par devoir que par envie, eut des enfants. Ils déménagèrent et il quitta l'atelier pour un plus grand. Et les commandes continuaient, l'une après l'autre. Il voyageait à présent dans toute l'Europe pour répondre aux volontés de ses clients. Il était toujours surpris de n'en refuser aucune, car chacune se suivait tranquillement. Il finit par penser que les gens qui demandaient son service faisaient partie d'une même institution religieuse, une secte ou quelque chose, car jamais il ne voyait ses clients. Il finit même par en faire une règle première, et c'était indiqué dans ses contrats. Jamais ses clients ne parurent surpris, déçus ou encore -comme il le craignait- horrifiés. Il devait être fort apprécié. Il détestait toutes ses œuvres. Lorsqu'il les regardait, il avait l'impression de se trouver face à de véritables maisonnées de l'enfer. Toutes. Elles étaient toutes d'ébène. Jamais on ne lui avait demandé de travailler d'autres matières. C'était, comme on pourrait dire « sa marque de fabrique ». Elles le rendaient fou. Quoi qu'il représente, des doux anges de Boticelli, des visions de paradis de Vinci, des notes musicales d'un Palestrina ou d'un Obrecht... elles étaient toujours repoussantes et il se courrouçait à ce qu'on puisse autant l'apprécier. On jasait autour de lui, certains de ses ouvriers ne revenaient plus après une œuvre achevée, mais ses clients, eux, semblaient toujours satisfaits.


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MessageSujet: Re: Vittorio d'Adoni   Vittorio d'Adoni EmptySam 21 Fév - 20:33

Sa femme et ses enfants eurent bientôt peur de lui. Un soir de folie sous l'influence de drogues et d'alcool, il s'échoua le long du fleuve Arno. Dans la nuit, on vint le quérir alors qu'il commençait tranquillement à se noyer, plongé dans son euphorie béate. Lorsqu'il se réveilla, il savait qu'il n'était plus le même. La sensation du monde alentour avait changé, sa vision ne lui rapportait pas les mêmes choses. C'était beaucoup plus beau, beaucoup plus expressif et vivant. En regardant autour de lui, il s'aperçut qu'il se trouvait dans l'une de ses créations. Quelle stupeur ! C'était même la première Villa, celle de Thorn Marianelli. Il se souvenait de tout les détails à présent. Mais elle semblait aujourd'hui vivante. Elle était lumineuse, ondoyante, stimulante. Merveilleuse. Oui, merveilleuse ! Il pleura devant tant de beauté. Se pouvait-il que ce soit vraiment lui qui l'ait imaginée ? Et pourquoi n'avait-il pas vu ça avant ? Il s'essuya les joues, ému, puis hurla lorsqu'il se rendit compte que ses larmes étaient de sang. Devant lui, un homme avachi, pourtant indescriptiblement magnifique le regardait calmement. Il était couvert de vêtements en loque, déchirés et vieux comme le monde. Il ne semblait pourtant pas sal : sa peau d'un blanc laiteux était propre, elle inspirait la finesse, la douceur et tout autant la robustesse. Il se mordit la lèvre compulsivement pour s'empêcher de crier encore mais ses dents étaient affreusement tranchantes et il se coupa. Il les toucha du doigt, eut un regard horrifié vers l'homme. Vittorio le secoua, s'agrippa à lui en lui demandant ce qu'il lui avait fait, car ce devait bien être lui ? L'homme ne répondit pas, se contentant de le regarder de sa hauteur, sans expression. Bientôt l'étrange personnage le révulsa et il s'en détourna pour fuir de la maison, sa maison. Il faisait nuit. Il courut très vite et très longtemps. Et lorsqu'il s'arrêta, il fut épouvanté de voir qu'il n'était pas essoufflé. Il posa une main sur son cœur et bondit comme un diable en n'y détectant aucun battement. Il réveilla le médecin de quartier et le somma d'écouter sa poitrine. Devant l'égarement du jeune homme beau et bien habillé, le médecin obtempéra. Celui-ci aussi, fut surpris. Il avait pourtant bien l'air affolé cet homme blond. Il se dit qu'une saignée le ferait réagir, et il entailla son avant bras. Celui-ci perdit très peu de sang et la plaie se referma sous leurs yeux ébahis. Puis, le médecin recula de terreur en plongeant ses yeux dans les prunelles bleues électriques de Vittorio. Épouvanté par la réaction du médecin, il courba le dos d'un air désolé en secouant les mains, s'innocentant. Mais le médecin proféra des paroles religieuses en le sommant de s'en aller. Il n'en fallut pas plus pour Vittorio qui détala à toute vitesse. Harassé, il s'écroula sur le versant d'une plaine. A mesure que l'aube se levait une torpeur le saisit. Sa peau brûlait, mais il ne pouvait réagir... il s'endormait. Il sentit une poigne puissante le saisir et il lui sembla avaler de la terre avant de sombrer.

Avec le temps, Vittorio apprit à connaître son mystérieux sauveur, celui qui habitait dans la villa Marianelli. Toujours muet, celui-ci était pourtant d'une extrême attention. Il marchait toujours au rythme de Vittorio, vérifiait souvent s'il arrivait à le suivre. Il observa avec dégout l'homme avachi boire le sang d'un homme. Et souffrant d'une soif irrésistible, il comprit qu'il devait en faire de même. Ainsi, il apprit de son état de vampire. Il resta longtemps en compagnie de l'homme, ni vieux ni jeune. Il s'aperçut que ses traits ne vieillissaient pas, qu'il pouvait ne pas boire ses victimes jusqu'à la dernière goutte et qu'il pouvait -s'il le voulait- les laisser sauves. Il revisitait ses maisons avec un tout autre regard. Et les admirait comme s'il n'en avait jamais été l'auteur. Personne ne les habitait. Il soupçonnait l'homme ni vieux ni jeune d'être Thorn Marianelli, ainsi que tous ses autres clients. Mais jamais celui-ci ne parlait. Et il ne semblait pas qu'il fut doué d'écriture. Il était patient, toujours attentif et semblait-il, bienveillant. Il ne souriait pas, ni ne pleurait, ni ne se réjouissait pour quelque chose. Seule la lueur bestiale de ses yeux changeait lorsqu'il chassait.

Il se fit nommer Vittorio d'Adoni, mystérieux acheteur de toutes les maisons du feu Vittorio Adonasti. En 1870, alors que Rome dépassait en tout point sa belle Florence, Vittorio parla à son mentor, sérieusement. Celui-ci, appliqué à regarder scrupuleusement le clavier du piano de Vittorio, tourna la tête mollement, comme à son habitude, inexpressif.
« Mon maitre, il me faut partir voyager. Je voudrais m'acquitter de Florence et de mon Italie. »
Il laissa un silence avant de reprendre.
« M'accompagnez-vous ? »
Pour toute réponse, il se focalisa à nouveau sur le piano. Vittorio prépara quelques affaires, dont un violon qu'il avait fabriqué, et rejoignit le salon pour tenter une dernière fois de lui parler. Mais le mentor silencieux avait disparu. Vittorio resta un court instant à observer la place vide. S'assit, joua un air. Puis partit.


France, Paris XXème siècle « l'Art Nouveau »

Il s'installa à Paris. Et découvrit dans ses bagages une lettre. De ce même papier qui avait été utilisé pour les premières missives il y avait plus de deux cent ans de cela, de son vivant.

Écris-moi toujours, que je sache du monde et de ce que tu deviens.
Thorn.


Une vive colère s'empara d'abord de lui, ressentant comme une trahison, un éhonté mensonge les nombreuses décennies qu'il avait passées en sa compagnie religieusement silencieuse.
Puis, il se laissa surprendre par les effusions créatives de ce siècle et se mit naturellement, comme un besoin irrépressible, à écrire pour son mentor.

L'Art nouveau déploie ses œuvres architecturales dans toute la capitale de France. On avait envisagé la construction d'une voie ferrée sous la ville, et Hector Guimard s'est chargé de la construction de ces antres sous-terraines avec une virtuosité qui m'est curieusement familière. Son inspiration vient tout droit de la nature et de ses formes courbes. La liane, le tronc, la tige et la feuille sont identifiables pour peu que l'on observe soigneusement. Le métropolitain, c'est ainsi qu'on l'appelle. Des escaliers semblent nous emporter tout droit dans la bouche de l'enfer, mais au dessus, c'est la verdure : de beaux luminaires en fer vert s'étendent et se rejoignent comme deux arches de branches vertes. Les lumières rouges dans la nuit sont comme de monstrueux cocons d'insectes luminescents ou de gros bourgeons grossissants. Parfois un auvent s'abat et s'étend comme de fines ailes de libellules. C'est organique. L'homme veut rapprocher son espèce de la nature. Je suis fasciné. De partout l'on rejette l'anarchie des dernières années éclectiques. La rigueur, la volonté d'instaurer des règles et des principes de constructions s'installent dans les pensées révolutionnaires. Et moi, ancien ébéniste, je contemple ces nouvelles infrastructures d'un œil curieux et admiratif. Le bois n'est plus, le bois est trop cher. L'on préfère le béton, le fer et l'acier et même le verre. Comme moi dans mon ancienne Florence, on ne fait plus la différence entre le décor et la structure. Tout est lié, tout se mélange. Le mobilier même devient un élément de la structure des maisons. Je visite le monde, sans arrêt remis en question, mouvementé, dynamique.

Espagne, Barcelone XXème siècle « el modernismo »

J'ai visité la belle Barcelone lorsque le révoltant Antoni Gaudi eut terminé son époustouflante œuvre : la Casa Milà. On n'aura jamais vu édifice plus merveilleux et à la fois effrayant. Lorsque j'ai pu toucher ces matériaux, contempler sa magnificence de près, j'eus l'impression de retomber dans la folie de mes courbes, dans l'expressivité désinvolte de mon imagination d'antan. Ma vision s'est troublée de larmes, mon cœur pesa lourd dans ma poitrine à m'en faire perdre l'équilibre. Antoni Gaudi vous plairait Thorn, j'en suis certain. Il est mille fois plus novateur et performant que je l'ai été. Je suis tombé amoureux de cet esprit confus et compliqué qu'est le sien. Ses œuvres sont toutes plus époustouflantes les unes que les autres. Il m'arrive de lâcher des larmes émues lors de mes visites impromptues dans ses maisons et dans ses parcs. Le monde est riche, le monde est beau. Il m'est de plus en plus difficile de tuer car j'ai l'impression de blesser cette belle créativité, de risquer d'empêcher quelque chose de merveilleux de se produire. Je me nourris peu, je suis transis d'amour pour chacune de ces créatures. La violence qui fait feu en moi est canalisée par mes visions oniriques d'architectures. Il y a une certaine colère dans les œuvres de Gaudi... du macabre. Ou n'est-ce que moi qui parvint à trouver toutes ces horreurs ? J'ai un désir fou de le toucher, de lui parler. Je l'ai observé, chez lui, dans la rue, sur ses chantiers, dans ses confrontations sociales. Cet homme m'obsède. Il est atypique. Avez-vous eu cette même approche avec moi ? Le désir était-il aussi fort ? Je ne sais... comment exprimer... l'irrésistible et obsédante envie qu'il vive pour l'éternité. Comprenez-vous ? Votre silence m'aura réduit à l'ignorance. Je ne sais qui je suis, même si cela me satisfait. Je suis heureux que vous m'ayez appris à préserver mon âme, j'ai compris, dans ma muette observation de votre personne, combien vous étiez bon. Je sais les raisons qui vous ont poussé à vous offrir la présence d'un compagnon d'éternité, et je gagerai cher sur l'âge avancé qu'est le vôtre. Je ne m'ennuie de rien, il est vrai, votre silencieuse présence m'aura habitué à la solitude. Elle ne m'oppresse pas. Mais je ne vous cache pas, en de ça, que j'aurais vivement aimé apprendre de vous, de moi... Comment ? Comment avez-vous fait de moi ce que je suis ?

Le bouleversant Gaudi a fini d'occuper mon esprit, au moins, pour un temps. Un groupe de jeunes êtres de la nuit s'est récemment installé à Barcelone. Ils ne m'ont pas repéré, alors que je les ai flairé à des lieues de ma demeure -ma foi fort confortable, louée pour un temps, comme le stipule le contrat, indéterminé-. Ces perfides créatures ne fonctionnent pas selon vos règles établies, Thorn, et ils me répugnent tous à mesure que je les observe. Ils violent les demeures et saisissent leurs victimes à même leur lit, prises dans leur songes vaporeux. Ils rient de leur souffrance, se déchirent les corps encore en vie dans leur infâme cimetière. Ils en conservent quelques uns dans les caves et les tombeaux dans d'atroces conditions. Je ressens leur colère, leur déni de toutes règles de bienséance et de respect de la faible espèce. Leur haine est enseignée par un maitre qui ne sort pratiquement jamais de son antre bien gardée. Il est leur guide et leur Dieu. C'est un véritable culte. Un culte dédié à la torture. Que dois-je faire alors ? Serrer les poings et attendre leur départ ? Je ne sais l'étendue de mes capacités, bien qu'il me semble parfois que je pourrais aisément couper mes trouble-faits en deux, de la manière la plus abrupte et sanguinaire qui soit. Oui... ils me donnent envie de tuer, d'assassiner, d'égorger, de découper... Ces mots sont autant de coups portés à mon âme alors que je les croyais étrangers à ma personne. J'ai envers eux la même colère qu'ils nourrissent pour le monde paisible des humains. Ce sentiment m'effraie. Jamais je n'ai souhaité la mort aussi violemment, jamais je n'ai eu cette impulsive volonté à faire le mal. Sommes-nous mauvais, au fond ? Est-ce que vivre dans l'immortalité implique d'abriter dans une part de nous même le terrible Malin ? J'angoisse à l'idée que ce fut vrai, et ne peux que me rendre à l'évidence : ces sensations me sont méconnues, et elles n'ont pu être apportées que la nuit où je suis devenu immortel. J'ai sans cesse l'impression qu'un être s'est glissé au dedans de moi même, et qu'il réussit à agir sur mes ressentis. Je ne me sens plus maitre de moi-même. Pour une fois depuis mon départ, je voudrai retrouver votre silencieuse quiétude.


Dernière édition par Vittorio d'Adoni le Dim 22 Fév - 2:48, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Vittorio d'Adoni   Vittorio d'Adoni EmptySam 21 Fév - 20:40

Ciel! Qu'ai-je fait?
Je surpris un soir une jeune femme prise en proie entre deux de ces bêtes sanguinaires de Barcelone, elle hurlait à l'aide et je n'ai pu me détourner de son appel suppliant qui me tordait le ventre. La furie de ses petits battements de cœur me parvenaient comme d'affreux tambours annonciateurs d'un terrible événement, sa peur m'était retranscrite comme si elle m'avait appartenu. Plus vite que ma conscience eut le temps de réfléchir à ce que je pouvais faire, mon corps s'est interposé, seulement dirigé par les élans de mon cœur. Je ressentis la surprise de mes alter ego et j'en profitai pour leur assener des coups d'une violence insoupçonnée. J'arrachai littéralement la tête de l'un deux pendant que l'autre, terrifié, se relevait pour filer à une vitesse ahurissante. La pauvre humaine était tétanisée et je ne savais que faire pour l'apaiser. Instinctivement, je fis un pas vers elle tout en la fixant d'un air rassurant.
- Tout va bien ma chère, vous êtes hors de danger à présent. Il serait préférable de ne garder aucun souvenir de cette abominable soirée.
Je vis sous mes yeux son regard s'opacifier, devenir étrangement inexpressif. La peur l'avait quittée, et, avec elle, tout sentiment de quelle sorte qu'il soit. Cela faisait si longtemps que je n'avais pas parlé à un humain autrement que d'une façon formelle, pour régler mes comptes ou pour me créer de nouveaux papiers afin de falsifier une nouvelle identité que j'en avais oublié d'être naturel. Comment faisait-on pour rassurer ? Peut-être l'avais-je terrifiée, plus encore que mes congénères?
- Il vous faut rentrer chez vous et dormir, il est tard. Demain matin tout ira pour le mieux, continuai-je, légèrement tremblant et maladroit.
Alors et non sans surprise, elle se détourna de moi, comme hypnotisée, et suivi un chemin qui lui semblait dicté par d'étranges voies implacables. J'étais sidéré. Je marchai discrètement sur ses pas, léger félin gris de la nuit, je tentais de comprendre, de trouver une raison à son empressement soudain, à sa peur envolée, à son comportement incohérent. Elle marcha docilement sur un trottoir, emprunta quelques rues sur un pied ferme, m'indiquant qu'elle savait parfaitement où aller, et poussa une porte d'un immeuble pour se diriger vers une autre sur la gauche du deuxième étage. Elle l'ouvrit avec une clef qu'elle sortit de sa poche droite et entra. Elle posa les clefs sur un petit guéridon de bois à l'entrée et alla derechef rejoindre une des chambres pour gagner un lit et s'endormir avec une rapidité fulgurante. Je restai dans la chambre à l'observer, mais son visage doucement endormi ne portait aucunement la marque d'un traumatisme récent, au contraire, je sentais comme une sorte de sérénité impressionnante envahir la pièce et ce je le savais, grâce à son unique présence. Je m'assis sur une chaise, perplexe et finis par me perdre dans mes pensées, réellement perdu. Mes yeux s'étaient posés involontairement sur une photographie et je reconnus sans mal ma petite miraculée, en ce moment même assoupie à mes côtés. Elle était chez elle.
Je la quittai sur une étrange impression, et ne devais plus jamais la revoir. La nuit même, je tentai de réitérer l'opération sur d'autres humains. A chaque fois, avec succès : j'étais capable si je le voulais, de donner des ordres aux humains, lesquels étaient forcés, par je ne sais quelle magie, d'y répondre. Je me gardai bien de réutiliser ce don que je jugeai monstrueux, tout autant que mes soifs de violence quelques nuits plus tôt. D'ailleurs, celles-ci n'avaient pas refait surface... jusqu'à ce que nos chemins se croisent encore.

Je suivais ce qui semblait être le chef de l'entreprise. Ce dieu vivant qui n'était autre qu'un autre être de la nuit. Tous ses acolytes opéraient des sortes de rondes autour de leur repère et jusqu'au bout de la ville. Ils me cherchaient. Depuis un an qu'il étaient ici, aucun n'avait jamais su détecter ma présence, mais lui, il était différent. Plus vieux, plus intelligent, et plus puissant. Je sentais émaner de lui une aura meurtrière mais plus civilisée, il était en tous points discernable de ces acolytes. Cela faisait quelques heures que je l'espionnai, petit bambin à l'allure si séduisante et raffinée qui jurait affreusement avec ses accoutrements déchirés et sales. Soudain, il se retourna dans ma direction. J'eus le temps de me déplacer rapidement derrière une alcôve dans une ruelle dallée mais il ne fut pas dupe et j'entendis ses pas se rapprocher de moi.
- Qui es-tu ?, me lança-t-il.
Il n'avait pas peur, j'en étais certain. Méfiant, oui, mais c'était la curiosité qui semblait la plus dévorante en lui. Il n'avait aucune intention de me détruire, s'il en avait seulement le pouvoir. Sa haine incommensurable était enfouie, il ne me la réservait pas. Tout cela n'avait pas de sens, comment pouvais-je seulement savoir ceci ? J'eus la raisonnable envie de détaler mais au lieu de ça, je quittai l'ombre de l'alcôve pour me montrer à lui. Il se figea, surpris, et me détailla soigneusement. Encore une fois, une impression me parvint selon laquelle il était admiratif. Pour ma part, j'avais eu à maintes reprises l'occasion de le voir, mais sa proximité m'apportait de nouvelles sensations délicieuses. Et j'étais flatté.
- Tu as tué un de mes hommes, dit-il sur un ton qui n'avait rien d'un reproche. Il était amusé. Il s'approcha, je ne sciai pas. Muet. Je n'ai jamais vu quelqu'un de notre espèce aussi... envoutant. Lui aussi, sans doute, car il fit fi des bonnes manières et tendit la main pour me toucher le doigt. Le contact froid fut électrisant. Quelque chose d'absolument fascinant se produisit. Je le ressentis, entièrement. Comment expliquer cette sensation, cette emprise que j'avais sur lui ? Instantanément il retira sa main et parut horrifié.
- Allez-vous en, dis-je pour la première fois sur un ton méprisant que je ne me connaissais pas.
De suite, je discernai quatre autres créatures s'approcher à pas feutré et nous encercler. Je restai calme. Leur chef pensait tenir les rênes en main.
- Pauvre fou, tu insultes le grand prêcheur que je suis. Le Diable qui est mon allié te punira pour ton affront et pour la mort dont tu es coupable.
Je souris, mais d'étranges sentiments meurtriers se glissaient en moi sournoisement.
- Ce n'était pas en ces mots que vous définissiez la mort de votre serviteur tout à l'heure.
Je devenais fou. Fou de rage. Leur appétit sanguinaire m'assaillaient de toutes part et me dévorait, me consumait. Je n'avais pas la force de lutter contre, et mon habituel calme était balayé, effacé. Je voulais les tuer. Tous. Je sentis leur menteur de chef perdre contenance et il ordonna qu'on m'attaque avant que je n'éveille les soupçons de ses sbires. Ils se ruèrent sur moi, mais j'étais préparé. Je connaissais la position de chacun d'eux et je n'eus aucun mal à les esquiver. A peine relevés, ils réitérèrent leurs attaques et je les contrai, les envoyant avec une facilité déconcertante valser contre les édifices. Ils avaient cependant un avantage considérable, je ne voulais pas que l'espèce humaine se mêle à notre dispute et eux s'en fichaient éperdument. Je mesurai alors ma force pour ne plus les envoyer contre les murs et déranger les habitants assoupis. A mesure que je les énervai, ma soif s'éveillait aussi, et je ne fus pas long à tuer le premier, arrachant sans ménagement sa tête et la lançant aux pieds de son maitre. Le second fut projeté contre un lampadaire qui s'embrasa et brûla la chair de la créature. Il hurla. C'était assourdissant. Et plusieurs fenêtres s'allumèrent au dessus de nous. Je décidai de fuir. Comme je l'avais souhaité, ils me suivirent tous. Je ralentis l'allure pour leur permettre de conserver mes traces, et m'arrêtai à côté de la ville, dans un champs en friche. J'attendis longtemps. Mais ils ne réapparurent pas. Leur chef avait dû comprendre mes intentions et conclure qu'aucun d'entre eux ne survivrait. Ma colère s'apaisait. Mais mon désir de débarrasser la ville de ces créatures était plus fort que jamais. Je savais quel sort je leur réservai.
Apercevant les premiers rayons de l'astre solitaire, je creusai le sol pour me cacher durant le jour et m'assoupis.

Dès mon réveil, mes jambes coururent vers le cimetière où ils étaient logés. J'entrai sans mal dans leur cachette et coupai la tête des premiers endormis qui croisèrent mon chemin. Il n'y avait qu'un seul être de la nuit éveillé, et je savais qui il était. Silencieusement, je me dirigeai vers lui. Les murs étaient affreusement sales. C'était un véritable labyrinthe dont les branches découlaient parfois sur des cellules et des tombeaux où s'abritaient quelques jeunes créatures. Les quelques morts que j'avais faits la veille avaient été remplacés.


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MessageSujet: Re: Vittorio d'Adoni   Vittorio d'Adoni EmptySam 21 Fév - 20:43

Là, je l'aperçus, je le surpris dans une posture étrange. Il offrait son sang à un humain qu'il avait affaibli. Celui-ci, battu à mort, avait enroulé amoureusement ses bras autour du vampire qui semblait prendre un plaisir insoupçonné à le laisser boire son sang. Aussi ignoble que cela était je ne pouvais m'empêcher de le regarder faire. Soudain, l'humain se contracta de douleur et quitta l'emprise du maitre. Il se roula par terre, je sentais sa douleur et je ne pus m'empêcher de faire mon apparition dans la petite pièce arrondie pour lui apporter mon soutien. Je ne comprenais pas. Sa douleur seule m'était perceptible et insoutenable. Le maitre éclata de rire en me voyant entrer. Mais je le savais désagréablement surpris. Comment, je l'ignorais toujours.
- Tu ignores tant de choses... laisse moi te montrer, mon ami, dit-il.
Cela me révoltait. Comment osait-il ? Le pauvre humain se contorsionnait toujours sous mes yeux en se tenant le ventre. Son cœur ralentissait dangereusement. Il allait mourir et j'étais incapable de l'aider.
- Laisse moi te montrer le savoir qui serait digne de ta force. Partons tous deux hors de la ville.
L'imbécile ! Cela ne le touchait donc pas ? Je tentai de le tenir dans mes bras, de l'apaiser. Alors, et contre ma volonté, je le regardai dans les yeux et l'ordonnai.
- Tu n'as pas mal, tout va bien.
Il stoppa de suite ses gémissements de douleur. Derrière moi, le chef des créatures du cimetière était interloqué.
- Ciel! Mais qu'as-tu encore que je n'aie pas ?
Mais le cœur du pauvre entre mes bras ralentissait toujours, et bientôt, il s'arrêta. Son âme était pure. Il était si jeune. Pourquoi n'avais-je pas pris la décision de les détruire tous plus tôt ? Une haine sans borne, plus violente encore que celle de la veille me traversa, et n'aurait de répit que lorsque chacune des âmes damnées de ce lieu se serait envolée. Je me redressai, laissant le corps mort à mes pieds et me dirigeai d'un pas menaçant vers le maitre. Je sentais les autres se réveiller mais peu m'importait. Une folie sans nom s'était emparée de tout mon être.
Lui ne bougeait pas, il était confiant. Car avant que je n'aie pu le toucher, des dizaines de griffes arrachèrent mes vêtements, me retinrent. Je les envoyai tous voltiger plus loin, et continuai vers lui. Mais ses acolytes revenaient chaque fois plus nombreux à l'assaut. Il me souriait, malicieux. Ma volonté de le détruire me fit perdre mon astucieuse intelligence, et je fus prisonnier si rapidement que j'en fus honteux. On m'assaillit de toutes parts et je sombrai dans l'inconscience sous les coups.
A mon réveil, il était là.
- Je ne veux pas te tuer Vittorio.
Il fit un geste de la tête et un vampire sous ses ordres traina une victime à mes pieds pour que je m'en nourrisse. En dévisageant le jeune être de la nuit, je me rendis compte qu'il était le pauvre homme que j'avais voulu aider la veille, transformé en vampire. J'écarquillai les yeux, et le chef des vampires hurla de rire.
- Tu ne sais donc pas comment tu as été fait ?
Pris de cours et très intéressé, je fus obligé d'affirmer mon ignorance en me taisant.
- Accepte d'être mon associé, mon élève et mon maitre. Je voudrais apprendre de toi, et je te dirai tout ce que je sais.
- Je ne me mettrai jamais à vos côté, tout cela me répu...
- Je sais.
Il s'approcha de moi. Sa bouche ne s'était pas ouverte, pourtant j'entendis quelque chose, et je reconnus sa voix.
* Eux ne sont rien. Je voulais simplement voir s'il était possible d'organiser une telle mascarade autour de ma personne. La tâche fut tellement aisée qu'elle m'ennuie aujourd'hui. C'est toi que j'attendais. *
Il me sourit.
- Je m'appelle Mikael Gateshead. Et je te demande de me suivre *hors de Barcelone*, répéta-t-il en posant sur mon épaule une main assurée. Je relevai la tête et le regardai dans les yeux.
- Vous êtes fou. Jamais je ne suivrai un fou. Vous avez causé des morts insidieuses et douloureuses et je ne peux que vous haïr.
Il recula de trois pas, comme si mes mots avaient été porteurs d'une menace physique.
- Bien. Tu l'auras voulu, finit-il par dire presque déçu.
Ils m'affamèrent durant des mois, et lorsqu'une fébrile victime fut jetée dans ma cellule, la soif fut dévorante. Je me terrai dans un coin de la petite pièce, calant ma tête entre mes genoux, serrant fort, fort jusqu'à sentir le sang éclater à mes tempes. Que m'importait ? La petite fille, si belle, si douce si fragile, levait des yeux ébahis vers moi. Elle était touchée par ma souffrance et voulut s'approcher de moi.
- Ô mais qui sont-ils, que t-on-ils fait ? N'aie pas peur de moi, me disait-elle.
Pauvre enfant, savait-elle seulement que c'était moi l'être à craindre dans cette cellule? Je grognai et hurlai qu'elle n'approche pas, la terrifiant tant ma voix avait porté haut et fort. Elle se couvrit les oreilles et pleura à l'autre bout. J'en vint à pleurer tant il m'était difficile de ne pas briser sa chair et me repaitre de son sang qui sentait si bon. Je me frappai la tête contre les murs, récitai des psaumes destinés à me donner le courage de Dieu. Mais je l'avais trop négligé ces derniers temps, et il se détournait de moi. Ou... ou alors me rendais-je seulement compte que je n'y croyais plus depuis des lustres déjà. Ma petite enfant pleurait aussi. Elle tremblait de froid et de peur et je sentis son incompréhension heurter sa raison. Si elle restait ici avec moi, la folie la prendrait avant moi. Trois jours durèrent jusqu'à ce que je n'en puisse plus. Je me jetai littéralement sur elle alors qu'elle hurlait. Je plantai mes crocs dans sa gorge avec une violence insensible et bus à profusion.
- Je t'en prie... pas comme... eux..., parvint-elle à dire avant de sombrer, et moi, réalisant, me maudissant je fis un bond en arrière. Détruit, meurtri. Je savais que je ne pouvais supporter le meurtre d'une âme innocente. Mais elle respirait encore. Momentanément repu, je m'occupai d'elle, eus l'idée d'appliquer mon sang contre sa plaie pour voir si elle guérirait, comme moi. Je fus surpris, agréablement, de voir qu'il en était le cas. J'attrapai les rats qui trainaient et lui faisais manger leur maigre viande. Je les reniflai avant, afin de voir s'ils étaient porteurs de maladie, ceux-là, je me les réservai car je n'en souffrais pas. Jamais je n'avais été aussi proche d'un humain, et sa chaleur était la meilleur chose à laquelle j'avais jamais gouté. Elle s'appelait Avelina Antolina Eleador. Mais elle préférait Lina m'avait-elle confié, cela la permettait ne pas hésiter entre ses deux prénoms. Sa candeur apaisait mon cœur, elle m'avait pardonné dès l'instant où je l'avais épargnée. J'avais peur à chaque seconde pour elle, me demandant ce qu'il allait advenir de nous. Je jurai cependant, qu'elle aurait la vie sauve quoi qu'il en coute. Elle n'était pas heureuse évidemment, et sa tristesse faisait mon désespoir.
- Mon Vittorio, je m'ennuie le jour lorsque tu dors.
- Je ne peux y réchapper ma douce.
Elle parut perplexe puis finit par me sourire.
- Tant pis, je m'amuse à mémoriser ton visage. Tu es si beau lorsque tu dors, tu n'as pas ces vilaines rides de peur sur le front, tu es paisible.
- Je crains pour ta vie.
- Je sais me défendre, fit-elle en brandissant un mignon petit poing.
Je souris.
- J'ai confiance en toi, surtout, me dit-elle en m'embrassant la joue.
Rien cependant ne devait durer. Nous ne coulions pas de jours heureux dans ce taudis putride, loin de là, mais j'avais l'espoir chaque jour de l'emmener avec moi vivre au grand jour. Je ne voulais plus me séparer d'elle et de ses bras de braise et l'on me força à le faire... Furieux, Mikael entra dans la cellule et me désigna du doigt.
- Toi imbécile ! Je t'offre un bout d'humain et tu en fais ton amie, réduit à boire le sang des rats comme un vulgaire animal ! Es-tu si désireux de me rendre fou ? Je te voulais pour compagnon et tu me craches au nez, je voulais te donner une leçon et tu la refuses impoliment! Veux-tu me faire souffrir au point que je ne peux que te faire souffrir aussi ?
Ahuri je jetai un regard sur ma Lina qui fixait la scène d'un air horrifié.
- Ne fais pas ça, dis-je en me jetant sur elle.
Mais il ne me laissa pas le temps de plaidoyer. Déjà, on emmenait mon unique amour où je ne sais, mais loin de moi, et promise à une mort abominable. Je hurlai, je suppliai, je devins violent et intempestif. Je me ruai sur Mikael et lui griffai les joues, arrachai ses dernières loques pour mordre son corps et tordre ses membres. Je tentai de l'ordonner comme à cette humaine que j'avais sauvée, mais mon pouvoir ne marchait pas sur lui, à regret, alors je me rattrapai par les coups. Mais on me l'ôta lui aussi des mains. Dans ma hargne incontrôlée je tuai d'autres vampires encore, arrachant de leur tronc de çà de là, des têtes sales et hirsutes. Elle avait disparu. Elle n'était plus. Je ne la ressentais plus aux alentours. Et l'on m'attacha encore dans cette cellule pleine de l'odeur de ma protégée. C'était un supplice. Des mois plus tard, Mikael osa entrer dans ma décrépitude. Tôt le soir, alors que ses jeunes acolytes dormaient encore.
- Je suis désolé.
- Oh toi, fis-je, oh toi... je voudrais t'égorger comme un porc, te tenir en vie suffisamment longtemps pour que tu endures les pires maux de la terre. Et alors seulement je te tuerai, parce que tu ne mérites rien d'autre. Je voudrais te condamner... à souffrir... pour l'éternité, fis-je avec difficulté. Anéanti. Il afficha un air triste mais que m'importait sa souffrance ? J'avais perdu Lina. Je ne pouvais pas l'aimer en retour ni même le prendre en pitié.
- Mon ami, je suis navré. Je te voulais mien. Et je t'ai éloigné de moi à chacun de mes pas. Il y a pire que de me tuer Vittorio. Il y a pire. Me voir endurer chaque jour mon erreur et savoir que tu me détestes. Je vis dans la haine depuis tant de temps, je n'ai qu'elle et je ne sais me servir que d'elle. Elle est mienne et je suis son esclave.
- Cesse ces mensonges ! Tu n'es l'esclave de rien. Tu es ton maitre et tu es seul coupable.
Contre toutes attentes, sur cette unique phrase définitive il me détacha de toutes mes chaines puantes et s'offrit à moi en tendant les bras. La liberté recouvrée fut si surprenante que je ne pus tout premièrement bouger. Il me fallu je crois plusieurs secondes avant que je ne parvienne seulement à réfléchir, et plusieurs minutes avant que je ne me décide. Je décidai d'écouter ses paroles et je me penchai vers lui en me retenant de seulement lui parler. J'avais une envie terrible de me venger « œil pour œil dent pour dent », la sentence étant la mort.
- Je te hais Mikael et je n'aurai de cesse de te haïr.
Et je partis, brûlant tous les corps sur mon passage à l'aide de torches, coupant toutes les têtes à l'aide de glaives disposés dans une sorte de nef que je traversai, comme autant de trophées érigés. Je les tuai tous et savais que je laissai derrière moi un Mikael meurtri, déshérité, abandonné. J'avais senti son immense peine et sa souffrance en jurant seulement de le réprouver. Ainsi m'aimait-il, ainsi moi, je me moquai de son amour et étais résolu à le punir pour le restant de ses jours, ou du moins, jusqu'à ce qu'il ne m'aima plus.

Partout, nulle part, surtout loin d'elle... fin XXème début XXIème siècle

Je me suis exilé loin de Barcelone, loin de Gaudi, loin de l'Espagne et de sa chaleur, loin de ses habitants et habitantes, divines filles de rues qui me faisaient toutes penser à ma Lina. Que m'importait de savoir qu'elle n'avait pas eu un esprit brillant comme celui de Gaudi, que m'importait de savoir qu'elle m'avait touché et que je l'avais aimée uniquement parce qu'elle s'était approchée de moi, je me moquai de savoir qu'il en aurait été sans doute de même avec une autre ou même un autre. En cette époque, je ne retenais qu'Elle, parce qu'elle avait su accepter ma différence et m'aimer quand même. J'ai tant tué cette nuit que je ne voudrais plus jamais avoir ne serait-ce qu'une altercation avec l'un de mes pairs.

Jamais je ne ferai part aux institutions prônant la dominance sur l'espèce humaine. De même qu'aujourd'hui, alors que mon espèce a trouvé une occasion inouïe de profiter de la quasi absence du soleil et de sa lumière, je n'en ferai jamais part. Cela ne changea rien pour moi ni ne changera quoi que ce soit, mise à part le fait que la nuit permet de sortir plus souvent... Mais eux quels droits ont-ils? Ont-ils cru que les hommes, parce qu'ils ont provoqué -même sans le vouloir- ces désastres climatiques, devaient être dominés et même assouvis sous le règne des vampires ? Mais quelles responsabilités osent-ils prendre? Ces démons savent-ils seulement qu'ils participent de ce fait à l'extermination de la planète et de leurs habitants? Nous sommes de viles créatures et n'avons le droit qu'à la passivité, j'en suis convaincu et ce, surement grâce à vous Thorn. Je suis dans une colère folle. Qui ? Qui bon sang a commencé à le vouloir ? Qui s'est prôné effrontément maitre du monde ? C'est de Paris, semble-t-il, que « tout le mal » provient...

France, Paris, milieu XXIème siècle


Je ne profiterai jamais de la nuit pour étendre mes pouvoirs vampiriques et me venger de l'espèce humaine, jurai-je. Angèle Swatt la « veuve noire », vampire anglo-saxonne venue assouvir ses élans despotiques à Paris ne pourra me convaincre du contraire. Tant des miens plissent cependant sous ses fervents discours. Elle ne me pousse quant à moi, qu'à me retrancher dans les viscères nauséabondes de mon cher Paris. Tapi dans une crypte, ancien sanctuaire d'une famille bourgeoise d'un cimetière du quartier Saint-Michel Notre Dame, je suis à l'abri. Je ne me suis pas laissé vivre dans l'insuffisance et j'ai repris de ma fonction d'ébéniste pour décorer mon antre et lui donner un air tout à fait chaleureux et accueillant. Les visiteurs sont les bienvenus, tant qu'il me respectent, moi et mes aspirations.


Pouvoirs :
Persuasion : Chez la plupart des humains et les jeunes vampires (une centaine d'année maximum), Vittorio est capable de déformer la réalité et d'ordonner n'importe quoi à ses victimes. Il ne s'en sert presque jamais, ayant en horreur le pouvoir de destituer toute personne de son libre-arbitre. Il ne l'utilisera qu'en dernier recours.
Empathie : Chez qui que ce soit, Vittorio est capable de ressentir l'humeur des êtres vivants et non vivants qui l'entourent. Il lui est déjà arrivé d'éprouver l'essence même d'une personne en la touchant. Ce fait est rare et il ne le maitrise pas.

Votre avatar : Jean Marais --> Vittorio d'Adoni

Comment avez vous connu ce forum : Top site Vélusia me semble-t-il

Avez vous signer le règlement : Oui

(toutes mes excuses pour la longueur de la fiche... je n'avais rien prévu de tel Shocked )
J'espère n'ennuyer personne...


Dernière édition par Vittorio d'Adoni le Dim 22 Fév - 3:49, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Vittorio d'Adoni   Vittorio d'Adoni EmptyDim 22 Fév - 3:21

Longue mais quelle fiche !
J'ai savouré chaque phrases, chaque descriptions, et chaque détails ... Je sens même une empreinte agréable de Anne Rice sur le sort des vampires dans la crypte

..................

Tout me semble juste, sauf peut être ceci " on dit œil pour œil" et non "œil œil" mais cela me semble une faute d'étourdissement.

Je vous valide donc, et vous souhaite le bienvenu dans ces terres parisiennes

Ravie de voir mon premier membre avec un telle plume Smile

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MessageSujet: Re: Vittorio d'Adoni   Vittorio d'Adoni EmptyDim 22 Fév - 4:03

"œil œil" En effet, erreur d'étourderie, je vous remercie. C'est corrigé^^
Quant à l'inspiration provenant des récits d'Anne Rice, je ne l'ai même pas remarqué en écrivant mais à présent qu'on me le dit, oui, c'est fort probable... Rolling Eyes

Bon eh bien me voilà rassuré... j'avais peur de m'être attardé sur des choses terriblement ennuyeuses. C'est réellement la première fois que j'écris autant, je n'en reviens pas moi même. Il faut dire que le forum est incroyablement inspirant !

Merci, belle dame.
Il ne me reste plus qu'à rp et voter ! Longue vie à L'ODP !
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MessageSujet: Re: Vittorio d'Adoni   Vittorio d'Adoni EmptyDim 22 Fév - 12:07

Merci pour le compliment, j'espère aussi que L'ODP va marcher ^^

Je vous dis à bientôt au détour d'un rp, mais faites attention, je risque de n'être pas aussi gentille en vous voyant ... Twisted Evil


ps : n'oublie pas de rajouter ton rang dans ton profil
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